Parasite et épandage chimique Les apiculteurs alsaciens ont le blues
Les apiculteurs alsaciens ont le bourdon cet été, leurs petites protégées souffrant d'un caprice de la météo mais aussi d'un parasite qui leur tord les boyaux, semant la pagaille dans les ruchers des Vosges à la plaine du Rhin.
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Le miel de sapin, gourmandise par excellence et remède à presque tout, ne sera pas au rendez-vous sur les étals des marchés de la région. En cause, selon Georges Winterberger, qui exploite 80 ruches dans les Vosges du nord, l'absence d'un puceron vaincu par le froid et la pluie au printemps. "Cette variété de puceron suce la sève des conifères et produit une substance que les abeilles vont transformer en miel dans les ruches", explique-t-il.
Maladie provoquée par la Nosema apis
"Les intempéries d'avril et de mai ont affaibli les colonies d'abeilles qui sont devenues réceptives à la nosémose", explique Sébastien Mutel, contrôleur sanitaire, ajoutant qu'un temps chaud et ensoleillé est le seul remède pour requinquer les survivants.
Quelque 34.000 ruches produisent bon an mal an 720 tonnes de miel en Alsace dont l'emblématique miel de sapin, un fantastique produit d'appel pour les autres miels, de l'acacia aux fleurs des prés et de la châtaigne aux arbres fruitiers. Un malheur n'arrivant jamais seul, les abeilles sont victimes dans le Haut-Rhin d'une forte dépopulation due à la nosémose, une maladie provoquée par une sorte de punaise, la Nosema apis, qui provoque chez elles des blocages intestinaux. Un arrêté préfectoral, "le premier en France contre cette maladie", a été pris le 1er juillet. Originaire d'Asie, la nosémose, repérée également en Belgique, au Luxembourg et en Suisse décime les ruchers mais est sans conséquence pour les consommateurs, précisent les services vétérinaires du département (DDSV).
Selon Antoine Gueidan qui préside leur association, la fermeture des ruches demandée durant l'épandage programmé sur plusieurs jours d'ici à fin août "met les abeilles en grand danger car elles risquent de mourir de la chaleur".
Toxique pour les abeilles et les insectes auxiliaires
Un troisième "ennemi" menace indirectement les ruches sédentaires: il s'agit des risques encourus - selon la profession - par les abeilles en raison d'un traitement chimique par épandage pour lutter contre le chrysomèle, un parasite ravageur du maïs. Ce traitement, ordonné par la préfecture contre le coléoptère nuisible, piégé fin juillet à Hégenheim (Haut-Rhin), a semé le désarroi parmi la cinquantaine de producteurs de miel établis dans et autour du périmètre à traiter. Il conseille de prendre contact très rapidement en cas de mortalité "avec les représentants de vos syndicats qui alerteront les fédérations départementales".
Les élus locaux et les apiculteurs recommandent donc d'éviter les épandages massifs d'insecticides, d'autant plus que "leur l'efficacité est limitée", selon eux. Le sous-préfet de Mulhouse Jean-Marc André a rappelé vendredi que le produit est autorisé par le ministère de l'Agriculture et couramment employé en insecticide. Mais les apiculteurs s'inquiètent de la dangerosité du produit qui sera utilisé, affirmant qu'à "haute dose", il est très toxique pour les abeilles et tous les insectes auxiliaires. De surcroît, il aurait, après l'épandage, une rémanence de quinze jours et les abeilles risquent alors d'y être confrontées". Ils demandent la mise en place, comme en Suisse, de programmes de rotation des cultures pour mieux éradiquer la chrysomèle qui ne s'attaque qu'au maïs.
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